Mes Revues Littéraires

Circé, Madeline Miller

Conclusion de la saga des critiques de 2020 à rattraper, dernier volet ! Aujourd’hui, nous décollons pour la mythologie de la Grèce Antique avec l’histoire revisitée et modernisée de la grande sorcière de l’Olympe, Circé !

Une première lecture/réécriture des mythes grecques de mon côté – enfin, autre que dans le cadre de la littérature jeunesse et de fantasy ! – par l’auteure qui a déjà raconté l’histoire d’Achille dans le Chant d’Achille, que je vais m’empresser de lire après la belle découverte que fut Circé !

Il avait eu deux enfants, qu’il n’avait pu voir ni l’un ni l’autre pour ce qu’ils étaient vraiment. Cela dit, peut-être qu’aucun parent n’est capable de voir son enfant ainsi. En les regardant, nous ne voyons que le reflet de nos propres défauts.

Note : 4.5 sur 5.

TITRE : Circé

AUTEUR : Madeline Miller

ÉDITÉ PAR : Pocket

NOMBRE DE PAGES : 576 pages

DATE DE PARUTION : 2 Mai 2019

GENRE : Littérature contemporaine, mythologie grecque, historique.

PRIX : 8,50 €

RÉSUMÉ : Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Son père lui ordonne de s’exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Médée et Ulysse…
Mais cette existence de femme indépendante et dangereuse inquiète les dieux et effraie les hommes. Pour sauver ce qu’elle a de plus cher à ses yeux, Circé doit choisir entre ces deux mondes : les dieux dont elle descend, les mortels qu’elle a appris à aimer.

Autant le dire tout de suite, Circé a été une des plus belles découvertes livresque de 2020 sur ce blog, après des lectures géniale tant en fantasy avec la sage de La Passe-Miroir qu’en littérature étrangère avec la saga de l’Amie Prodigieuse et dans la littérature autobiographique avec Une Vie de Simone Veil, cette fois-ci nous nous attaquons au monde de la réécriture des contes mythiques et antiques.

Dans une existence solitaire, il existe des moments rares où une autre âme plonge tout près de la vôtre, comme les étoiles qui s’approchent de la terre une fois par an. Pour moi, il avait été ce genre de constellation là.

Circé à propos de Dédale.

Passionnée de mythologie depuis enfant, je n’ai pourtant jamais lu – autre que pour de la littérature jeunesse avec les Percy Jackson et suite – de fictions centrées sur le monde de la mythologie grecque. Ce qui s’en rapproche le plus se tient à des ouvrages théoriques, certes enrichissant et instructif, mais sans aucune création littéraire que ce soit.

Jadis, je pensais que les dieux étaient le contraire de la mort, mais je vois maintenant qu’ils sont plus morts que tout le reste, car ils sont immuables et ne peuvent rien tenir dans leurs mains.

C’est ce premier point que je voudrais souligner avec Circé, et que j’ai le plus apprécié ! En dépit de la trame historique et narrative déjà bien ficelée grâce au mythe de la sorcière, Madeline Miller relève le défi d’une création originale avec une intrigue étoffée, complexe et fournie en détails. Tous les aspects du mythe sont étayés, décortiqués, réécrit pour créer une réelle harmonie entre chaque événements et les relier par un fil conducteur. L’auteure, plus que d’étaler le mythe, donne une réelle personnalité à chaque personnage, à chaque dieu, pour créer un univers cohérent, qui se tient et très détaillé, où nous rencontrons beaucoup de figures mythologiques connues. Il y a un véritable travail de mise en scène et de mise en relation pour nous emmener dans l’univers de ce mythe qu’elle s’est approprié ; elle a notamment beaucoup travaillé sur la philosophie et l’art de vivre dans le monde divin où elle nous offre une véritable incursion, ainsi que sur la psychologie de son héroïne, qui, par la force des mots de Madeline Miller, devient plus que la sorcière cruelle qu’Ulysse rencontre lors de son Odyssée.

L’histoire est soignée, l’écriture travaillée, et l’histoire, pas seulement régie par le mythe, elle possède sa propre voix, sa propre intrigue : l’auteure donne du sens, une cohérence à l’ensemble du monde des Dieux.

On peut apprendre à une vipère à vous manger dans la main sans pour autant lui enlever le goût de mordre.

Parlons justement de la psychologie du personnage principal ! Comme décrit plus haut, Circé nous apparaît sous un nouveau jour que dans l’Odyssée et de manière très brève et grossière selon les mythes. Il est évident que Madeline Miller a effectué tout un travail en amont pour bien cerné ce personnage de Circé, afin de lui insuffler une véritable humanité – ce qui est le comble pour un dieu ! Sous les mots de l’auteure, Circé n’est plus seulement une sorcière ou une divinité, c’est avant tout une enfant, puis une femme : une femme esseulée par sa différence avec les autres, une femme qui a éprouvé la jalousie, la peur, la tristesse, le désir, le désespoir. Circé n’est pas entièrement faite que de bien ni une victime, elle est une héroïne faite de bien et de mal, une victime qui paie les erreurs de son passé. Abandonnée et esseulée, rejetée par tous en raison de ses pouvoirs, l’exil de Circé sur son île est pour elle une véritable libération, un moyen d’exister et d’être réellement qui elle est sans se préoccuper des autres, parce que ses sentiments humains l’éloignent des autres divinités dont le cœur n’est que de pierre. Femme libre sur son île, son exil n’en perd pas moins de sa malédiction, mais lui permet de découvrir les joies de l’existence qui reste inatteignables pour les dieux habitués à la facilité : la joie dans l’exercice physique, dans la pratique de son talent, dans l’amour fraternel, maternel et envers les hommes. Cette femme en manque d’amour trouve à son existence une conclusion touchante et méritée, et qui nous délivre au passage une leçon sur le sens de l’immortalité et de la mortalité.

C’est une chose que mortels et dieux ont en commun. Lorsque nous sommes jeunes, nous croyons être les premiers au monde à ressentir chaque sentiment.

Chaque de ses relations – amoureuses, familiales, sociales – sont détaillées, sans enjolivement réelles, ce qui nous permet de nous approprier d’autant plus l’histoire et les personnages que nous connaissons la nature de leur relation, dans lesquelles Circé nous dévoile son caractère libre. Certains aspects qui pourraient choquer – comme l’inceste, par exemple – n’ont pas cours dans le monde des dieux, ce qui se comprend sans aucune difficulté.

Enfin, l’histoire est portée par une écriture poétique et qui recèle une grande force narrative ; l’auteure ne cherche pas à pacifier son personnage et montre ses qualités comme ses défauts, pour en dépeindre un portrait riche, complexe et surtout, humain.

Avais-je vraiment craint des créatures pareilles? Avais je vraiment passé dix mille ans à me cacher dans un trou de souris? a présent je comprenais l’audace d’Aétes, sa façon de se tenir au dessus de notre père tel un sommet imposant. Quand je pratiquais la magie, je me sentais la même envergure, le même poids. Je cherchais le char en feu d’Hélios dans le ciel. Eh bien. Qu’as tu à me dire? tu m’as jeté en pâture aux corbeaux, mais il se trouve que je les préfère à toi.

Avis à tous les amateurs de mythologie grecque, Circé est à mettre obligatoirement dans votre pile de lecture ; si vous êtes à la rechercher d’un excellent roman, avec une écriture intelligente, fine et recherchée, Circé saura vous combler. Le roman est portée par une héroïne libre, fière et indépendante dont le charme opère immédiatement. Cette belle lecture nous donne par ailleurs envie de découvrir l’autre roman porté sur la mythologie, la Chanson d’Achille. Une écriture authentique à découvrir absolument !

Dans une existence solitaire, il existe des moments rares où une autre âme plonge tout près de la vôtre, comme les étoiles qui s’approchent de la terre une fois par an. Pour moi, il avait été ce genre de constellation-là.

N’hésitez pas à me contacter sur mes réseaux en cas de besoin, ni à visiter mes comptes sur les plateformes d’écriture Wattpad et Fyctia pour découvrir mes histoires (de la romance et de la fantasy) et leurs mises à jour régulières !

1 réflexion au sujet de “Circé, Madeline Miller”

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