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Keleana (1) : L’Assassineuse, Sarah J. Maas.

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J’espère que vous allez bien !

Après une dernière lecture assez théorique, je suis très heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour replonger dans la fantasy, qui aura définitivement marqué cette année 2022.

Et comme toute bonne lectrice de fantasy young adult, j’ai cédé, moi aussi, à l’appel des livres de Sarah J. Maas. Le Trône de Cristal, Un Palais d’Epines et de Roses, Crescent City ; qui n’a pas encore entendu parler d’elle ? Sur instagram, je vois défiler des publications sur ses romans et des reels sur ses personnages à longueur de journées.

Alors, forcément, quand je suis tombée sur le tome 1 de Keleana, j’ai craqué, à mon tour.

Et le moins que je puisse dire, c’est que ma lecture aura été très différente de ce à quoi je m’attendais.

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Note : 3.5 sur 5.

Je m’appelle Keleana Sardothien, chuchota-t-elle, mais peu importe que mon nom soit Keleana, Lilian ou Salope: Quel que soit celui que tu me donneras, je te battrai toujours.

TITRE : Keleana (1) – L’Assassineuse

AUTEUR : Sarah J. Maas

ÉDITÉ PAR : La Martinière Jeunesse

NOMBRE DE PAGES : 496 pages

DATE DE PARUTION ORIGINALE : 7 Août 2012

GENRE : Fantasy

PRIX : 9.90 € (broché)

RÉSUMÉ : À dix-huit ans seulement, Keleana est déjà l’assassineuse la plus célèbre d’Adarlan. Un titre qui l’a envoyée tout droit au bagne…
Sa réputation a pourtant attiré l’attention du prince Dorian qui lui propose de reconquérir sa liberté. Pour cela, elle devra participer à un tournoi contre les voleurs et les assassins les plus redoutables du royaume. Le vainqueur sera sacré champion du roi et entrera à son service. Les autres seront renvoyés à leur triste sort.
Pour Keleana, perdre n’est pas une option. Mais quand l’un de ses adversaires est brutalement tué, puis un autre, elle comprend que quelque chose de bien plus important qu’une simple compétition se joue à la cour du roi.
Trouvera-t-elle le coupable avant de devenir victime à son tour ?

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LE TRÔNE DE CRISTAL

Avant de vous attaquer à l’aveugle – comme je l’ai fait – à ce premier tome de Keleana, vous devez avant tout savoir qu’il s’agit en réalité de la série du Trône de Cristal, le titre portant à confusion. Je l’ai découvert malgré moi en lisant des critiques sur le net – et m’offrant un énorme spoil par la même occasion, spoil que j’aurais fini par deviner à la fin de ce premier volume de toute manière.

C’est d’ailleurs grâce à ce spoil que j’ai entre autres continué ma lecture et que je vais me procurer la suite de la série. Sans cette information essentielle, je pense que j’aurais arrêté la série après le tome 1.

Keleana n’avait pas peur de la nuit, mais ne puisait aucun réconfort dans ses ténèbres. Pour elle, la nuit était le moment pendant lequel elle dormait, épiait ou tuait, l’heure à laquelle elle se sentait minuscule et insignifiante devant la splendeur des étoiles.

Je suis plus que mitigée par cette lecture. Vous dire qu’elle m’a déplu serait mentir, dire que je l’ai adorée plus encore. J’ignore ce à quoi je m’attendais en ouvrant Keleana, mais il y a un peu de déception à la fin de la lecture.

DEBUT DE LECTURE DIFFICILE

Avant même de commencer le roman, j’ai été refroidie par la traduction du mot assassineuse, que je trouve très enfantin, et qui surtout n’existe pas dans la langue française.

Je ne comprends pas cette traduction étant donné que le mot d’origine en V.O. est bel et bien “assassin”.

Même si je suis loin d’avoir trouvé l’écriture catastrophique en français, je me demande très franchement ce que donnait le texte dans sa version originale.

Une de mes amies a lu le premier tome d’un Palais d’Epines et de Roses en V.O. et a détesté le style d’écriture de S.J.M. J’ai également vu énormément de commentaires d’anglophones qui descendaient littéralement le tome 1 de Keleana/Le Trône de Cristal en citant des passages en V.O., qui ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux de la traduction.

Le style d’écriture d’un auteur est propre à chacun, et c’est généralement la loterie entre les lecteurs qui adorent et ceux qui détestent. Au point où j’en suis, j’ignore si la traduction a sauvé l’histoire ou au contraire l’a dénaturée en supprimant des scènes. Si vous avez une réponse à apporter, n’hésitez pas à la partager en commentaire ! Pour ma part, je n’ai pas trouvé la traduction mauvaise, la plume était facile à lire. Ce n’était pas la plus jolie ni la plus émouvante mais elle n’était pas aussi désagréable que je le craignais !

Quel plaisir ce serait de voir son sang couler sur le marbre !

Second écueil de ma lecture ; j’ai eu énormément de mal à rentrer dans l’histoire.

Une fois que j’étais imprégnée du roman et de l’univers, j’ai rapidement lu ce premier tome, mais j’ai bien cru que je n’y arriverais jamais et que j’allais laisser tomber ma lecture.

Les cent premières pages ont été très longues à franchir pour moi. Sans être inintéressante, cette première partie, qui pose l’univers et le contexte, ne permet absolument pas de s’attacher aux personnages – Keleana est tout simplement détestable durant cette mise en place – ni d’apprécier l’intrigue.

PERSONNAGES ET INTRIGUE

Vous pourriez ébranler la voûte du ciel, murmura-t-elle. Vous pourriez accomplir l’impossible, si seulement vous l’osiez. Au fond de vous, vous le savez, et c’est sans doute ce qui vous effraie le plus. 

Alors qu’elle est esclave dans les mines d’Endovier, Keleana Sardothien, la plus célèbre assassineuse d’Ardalan, est sauvée de sa lente agonie par le prince d’Ardalan, Dorian Havilliard. Ce dernier lui propose de conquérir sa liberté en devenant son champion dans un tournoi entre le roi et ses ministres. Acculée entre une mort certaine à Endovier et la soumission à celui qui l’a fait enfermée dans les mines, Keleana n’a d’autre choix que d’accepter la proposition de Dorian, qui la ramène dans son palais de verre, accompagné de Chaol Westfall, capitaine de la garde et ami du prince depuis l’enfance. Ce dernier ne fait pas confiance à Keleana ; pourtant, il va lui donner toutes les clés pour remporter le tournoi…

Des larmes lui brûlèrent les yeux. Le fouet claqua de nouveau. Ce coup la tuerait. La douleur la tuerait.

Le roman commence ainsi, et pose d’entrée de jeu les trois personnages principaux du roman : Keleana, Chaol et Dorian.

PERSONNAGES

Concernant nos trois héros, je suis parvenue à m’attacher à eux – particulièrement à Chaol, définitivement mon coup de cœur de ce roman – mais pour Keleana et Dorian, cela n’a pas été sans difficultés.

Commençons par Keleana, notre héroïne : ancienne assassin, et esclave à Endovier, lorsque Chaol et Dorian viennent la tirer de son enfer, elle est aussi sauvage qu’un animal retenu trop longtemps en cage, pleine de haine et de rancœur, ce qui se comprend mille fois. Il y a un grand contraste dans ce personnage ; Keleana peut être tantôt froide et chaleureuse, hargneuse et gaie. J’ai apprécié cette personnalité paradoxale, même si, dans la majeure partie roman, elle est relativement insupportable. Elle ne cesse en effet de se clamer meilleure assassin, se vante de prouesses et d’être capable de détruire tous ses adversaires facilement, y compris Chaol, – qui est tout de même capitaine de la garde et lui fait mordre la poussière à plusieurs reprises. Elle est très arrogante pendant un bon moment, sans que rien ne suive derrière : il est honnêtement difficile de déceler l’assassin le plus célèbre et terrifiante en elle, et ressemble plus à un chat effarouché qu’à un véritable danger. J’ai trouvé la plupart de ses émotions très peu nuancées envers les autres personnages : elle est soit en adoration presque totale, soit dans une haine extrême sans que l’intrigue n’alimente réellement ces sensations. Entre deux épreuves du Tournoi, elle exècre Cain et ne cesse de songer ou à Dorian, ou à Chaol.

A partir du milieu / de la fin du roman, elle évolue pour le mieux, devient plus réfléchie, plus attachante. Je l’ai trouvée bien plus nuancée dans ses ressentis et dans ses interactions avec les autres personnages, qu’il s’agisse de Dorian, Chaol, ou Nehemia.

Un martèlement de pas retentit derrière elle et une main lui empoigna la nuque. Keleana eut seulement le temps d’entrevoir des joues rouges et une moustache sable avant d’être précipitée sur le sol en marbre glacial. La douleur la frappa de plein fouet au visage et sa vision se brouilla. Malgré ses efforts pour les retenir, des larmes lui montèrent aux yeux.
« C’est ainsi qu’il convient de saluer votre futur roi ! » aboya l’homme au visage rouge. »

Pour ce qui est de Dorian, je dois admettre qu’il m’a laissé passablement indifférente. Même si j’ai apprécié son côté chaleureux, passablement moqueur, et les passages du roman expliquant le mal-être que celui-ci ressent à cause de sa place d’héritier, je ne lui ai pas trouvé grand intérêt dans le roman. C’est un personnage de fond. Hormis flirter avec Keleana et faire d’elle son champion, il n’a pas de réel impact sur l’intrigue. A mon sens, il est plus là pour servir de love interest à Keleana – et encore.

J’avoue que je suis mitigée, là aussi, sur la dynamique entre eux. J’aime bien la légèreté de leurs échanges mais je trouve que SJM force l’alchimie entre eux.

Je préfère nettement la tension qui règne entre Keleana et Chaol.

Je n’aurais pas peur.

Ahlala. Chaol Westfall.

Du début à la fin, c’est le seul personnage qui m’a véritablement séduite. Il possède tout ce que j’aime : de la retenue, un côté renfrogné à souhait, le sens de l’honneur et un talent indiscutable à l’épée qui cache une vraie sensibilité. J’ai lu un commentaire qui s’insurgeait de l’incohérence du personnage en argumentant qu’elle le trouvait lâche pour un capitaine de la garde, parce qu’il n’a jamais tué personne. Mais justement : Chaol est un capitaine de la garde ; il n’est pas un soldat. Sa vocation est de défendre, non de tuer, et d’ailleurs, il a en horreur Keleana justement pour tous les crimes dont elle porte la responsabilité. Une rancœur qui se dissipe bien malgré lui… Il est sans conteste, le personnage le mieux écrit et le plus réaliste pour moi, ainsi que le meilleur soutien de Keleana. Contrairement à Dorian, même si son rôle n’est pas le plus important de l’histoire, il reste déterminant. C’est lui qui redonne un sens à la vie Keleana, qui l’entraîne au combat, qui raisonne Dorian et la jeune fille quand besoin s’en fait sentir. L’histoire m’aurait beaucoup moins plu sans lui, et il est pour beaucoup dans l’évolution de Keleana.

Une image n’en hanta pas moins ses rêves : celui d’une jeune fille ravissante qui regardait les étoiles et que les étoiles regardaient.

INTRIGUE ET WORLD-BUILDING

Je ne vais pas vous mentir, l’intrigue est tout de même relativement simple ; et ça ne serait pas un problème si c’était bien mené. Dans l’ensemble, tout est très manichéen et sans réelle complexité. Cela provient notamment du manque de nuances des personnages, surtout de Keleana. Il y a d’un côté le Bien et le Méchant à abattre : le grand méchant Cain, champion du méchant duc de Perrington.

– Combien de temps j’ai dormi ? » chuchota-t-elle, mais il ne répondit pas. « Combien de temps ? » répéta-t-elle, et elle remarqua soudain la rougeur de ses joues. « Vous aussi, vous avez dormi!
-Oui, jusqu’au moment où vous m’avez bavé sur l’épaule, répondit-il.
-Quel jeune homme arrogant , susurra-t-elle, et il lui donna un petit coup à la jambe.
-Tenez-vous tranquille », ordonna-t-il..

Mais quitte à ce que ce soit manichéen, autant y aller à fond : pourtant, je n’ai pas vraiment senti le côté malfaisant de Cain et du duc de Perrington. L’intrigue se complexifie vers la fin, l’action s’enclenche un peu plus, mais c’est très diffus. Le tournoi, censé être le cœur de l’histoire, occupe lui aussi une place de fond dans le roman et s’apparente plus à un prétexte pour développer les love interests de Keleana, jusqu’à, encore une fois, la deuxième moitié du roman, là où l’intrigue commence réellement.

Toujours sur la base de certains commentaires, j’ai vu que beaucoup reprochaient des scènes complètement détachées de l’intrigue. Je serais plus nuancée ; même si certaines ne participaient pas directement à l’avancée de l’histoire, elles servaient le world-building et les relations entre les personnages, ce qui est aussi un de intérêt du roman.

Il n’était pas sûr qu’il aurait réussi, surtout en hiver. Il n’avait jamais été fouetté, il n’avait jamais vu mourir personne, il n’avait jamais eu froid ni faim.
Keleana rit de quelque chose que Dorian lui disait.
Elle avait survécu à Endovier et elle pouvait encore rire.

Pour ma part, j’ai du mal à lire un livre si l’univers en dehors l’histoire est inexistant, étant donné que cela fait partie prenante de la construction psychologique des personnages. C’était le cas avec Keleana, et les scènes entre les personnages sont malgré tout addictives. C’est aussi un peu ce qui sauve l’intrigue qui est mal rythmée à mon sens ; elle stagne beaucoup au début, et heureusement que les relations entre Keleana, Dorian et Chaol sont exploitées parce qu’elles permettent de conserver l’intérêt du lecteur – même si c’est assez relatif étant donné, une fois de plus, que cela manquait de réelle complexité, de tension dramatique, et d’ardeur.

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C’était une lame longuement affûtée par le seigneur des assassins, un animal au repos, une montagne ou un dragon dont tout proclamait la puissance.

En dépit de ses défauts, l’intrigue est suffisamment addictive, plus pour les relations entre les personnages que le reste, une fois encore. Cela se lit vite. Le style d’écriture, la narration et le thème de l’histoire semblent pour ‘instant relativement simples, avec des personnages finalement attachants mais qui manquent de profondeur et de complexité, qui n’ont aucune nuances. Je me répète, mais c’est très manichéen. Il n’y a pas de tension dramatique, et il est difficile d’être totalement empathique avec les personnages.

Au vu des commentaires et des échos de mon amie sur SJM, je m’attendais à bien pire. Le roman est loin d’être inintéressant, le sujet du roman est même très bien ; c’est tout simplement mené de manière inégale. A mon sens, il y a là la possibilité d’une très belle évolution. Je garde malgré tout en tête que je connais déjà une information essentielle pour la suite de l’intrigue : même si je l’aurais très probablement deviné au fil de la lecture du tome 1, cela biaise sans doute mon avis et mon envie de découvrir la suite. Quoiqu’il en soit, j’ai malgré tout aimé ma lecture et, que mon opinion soit un peu faussée par ce que je sais, j’ai hâte de voir ce que le tome 2 nous réserve !

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