Le Chant d’Achille, Madeline Miller

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Attention, critique dithyrambique !

Voilà une lecture dont j’avais très très hâte de vous parler ! Il s’agit du Chant d’Achille, de Madeline Miller, qui a été pour moi un véritable coup de foudre et un tourbillon d’émotions absolu. J’avais déjà lu Circé, de la même auteure, et je l’avais tellement adoré que j’avais très envie de découvrir le Chant d’Achille.

Et là !

Le coup de cœur absolu ! Le roman a dépassé toutes mes espérances – à côté, Circé perd vraiment de sa superbe. J’ai eu les larmes aux yeux du début à la fin du roman !

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Note : 5 sur 5.

Je le reconnaîtrais rien qu’au toucher, ou à son odeur, je le reconnaîtrais si j’étais aveugle, aux seuls bruits de sa respiration et de ses pas martelant le sol. Je le reconnaîtrais dans la mort, à la fin du monde.

TITRE : Le Chant d’Achille

AUTEUR : Madeline Miller

ÉDITÉ PAR : Pocket

NOMBRE DE PAGES : 480 pages

DATE DE PARUTION : 02 Avril 2015

GENRE : Mythologie, Littérature contemporaine

PRIX : 8,10€ (poche)

RÉSUMÉ : Ce ne sont encore que des enfants : Patrocle est aussi chétif et maladroit qu’Achille est solaire, puissant, promis par sa déesse de mère à la gloire des immortels. En grandissant côte à côte, l’amitié surgit entre ces deux êtres si dissemblables. Indéfectible.
Quand, à l’appel du roi Agamemnon, les deux jeunes princes se joignent au siège de Troie, la sagesse de l’un et la colère de l’autre pourraient bien faire dévier le cours de la guerre… Au risque de faire mentir l’Olympe et ses oracles.

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Au risque de me répéter : quel coup de coeur absolu !

Nous étions comme des dieux à l’aube du monde, en proie à une joie si vive qu’elle nous rendait incapables de voir autre chose que l’autre.

J’écris cette critique trois jours après avoir fini le roman et je ne m’en suis toujours pas remise. J’aurais préféré profiter un peu plus de ma lecture, mais il m’a tout simplement été impossible de m’arrêter, tant c’était juste… whaou. Je ne pourrais tout simplement pas me montrer aussi objective que d’habitude. C’est vous dire l’effet que le Chant d’Achille a eu sur moi…

La présence d’Achille était comparable à un caillou dans ma sandale, impossible à ignorer.

Le Chant d’Achille raconte l’histoire de Patrocle, prince exilé à Phtie auprès du roi Pélée et de son fils demi-dieu, Achille. Aussi gauche et mauvais à la guerre qu’Achille est adroit et née pour le combat, Patrocle est pourtant choisi par Achille pour devenir son compagnon. Cet honneur, Patrocle ne le comprend pas ; les deux garçons grandissent ensemble à Phtie, et se rapprochent, inévitablement. Inséparables, incapables de vivre l’un sans l’autre, Patrocle et Achille ne se quittent plus. Et quand la Grèce déclare la guerre à Troie, et qu’Achille se lance dans les combats malgré la prédiction de sa propre mort là-bas, Patrocle n’hésite pas une minute à le suivre.

Le roman nous raconte ainsi l’histoire d’Achille et Patrocle, depuis leur rencontre, jusqu’à leur fin. J’ai apprécié le fait que la guerre de Troie, événement majeur du mythe, ne soit pas omniprésente dans le roman. Madeline Miller nous intéresse à d’autres éléments du mythe, même si tout part de la rencontre entre les deux princes. L’enfance et leur adolescence au rythme des voyages de Pthie à Scyros occupent une bonne moitié du roman avant de se porter sur la guerre, son arrivée, son déroulement et sa fin déchirante et impitoyable.

– Je suis Achille, fils de Pelée, de descendance divine, meilleur des Grecs, venu pour vous apporter la victoire.

(…) La fierté allait bien à notre peuple: les héros ne sont jamais modestes.

Evidemment : tout le monde connaît l’histoire d’Achille, héros de Troie, le meilleur des Grecs (= Aristos Achaion), le demi-dieu invincible trahi par son talon, perdu par sa colère. Si l’Iliade d’Homère nous raconte la colère d’Achille, le roman de Madeline Miller, lui, se focalise plutôt sur la relation entre Achille et Patrocle ; c’est d’ailleurs ce dernier qui nous narre l’histoire, avec une sensibilité à fleur de peau. Quel choix de narration judicieux… c’est ce qui donne toute la beauté et l’authenticité du roman !

Contrairement à Achille, Patrocle, lui, est plus réservé, moins doué pour les arts de la guerre, moins enclin à la colère. Pas de divine destinée prévue pour lui ; il possède ainsi la sagesse qui manque à Achille.

Au rythme des pages, leur relation évolue, s’intensifie, se consolide, se transforme, déploie ses ailes : elle finit par résister à tout. Lorsque la guerre les submerge, Patrocle refuse l’éloignement avec Achille. Sa loyauté envers lui est sans faille : jamais il n’accepte de se séparer de lui.

L’amour d’Achille et Patrocle est souvent décrit comme proverbial, et Madeline Miller y rend magnifiquement justice avec une écriture incroyable et romantique ; elle parvient à nous dessiner les paysages, nous faire ressentir chaque émotions, chaque espoir, chaque douleur, chaque larmes de tristesse ; elle nous fait entendre les cris, les martèlements ; elle nous fait ressentir le désir, et toute la pureté et la magie de l’amour entre les deux princes. Difficile de ne pas être submergée avec eux, de retenir ses larmes, de ne pas être émue. 

A mon tour, je suis tombée littéralement amoureuse des deux princes, bien au-delà du mythe que je connaissais déjà. Le succès de Madeline Miller, c’est sa capacité à nous faire oublier le mythe, pour nous faire découvrir l’histoire d’une toute autre manière, tout en reprenant tous les éléments de la légende. 

La tête me tournait et j’étais trempé de sueur. J’avais trouvé un chemin dans le labyrinthe sans fin de sa fierté et de sa fureur. J’allais sauver nos soldats, et le sauver de lui même.

Au delà d’Achille et de Patrocle, Madeline Miller parvient à insuffler une véritable personnalité dans chacun des personnages mythiques qu’elle nous fait rencontrer, qu’il s’agisse de Thétis – la déesse de mère d’Achille, froide et haïssant les humains, qui désire la gloire de son fils ; d’Agamemnon – roi belliqueux capable des pires atrocités pour régner sur la Grèce ; ou encore d’Ulysse – l’homme au milles tours, rusé. Ce dernier est un des personnages les mieux écrits, qu’il y a une très grande cohésion avec ce que l’on sait d’Ulysse par le biais de l’Odyssée : on parvient à se le représenter parfaitement.

Pour Achille et Patrocle, c’est encore autre chose. On ressent parfaitement toute la sagesse et la loyauté de Patrocle envers Achille, toutes ses douleurs, toute sa gentillesse. Patrocle admire Achille au-delà de tous, l’aime au-delà de tout, au point d’accepter la mort de celui-ci pour consacrer la gloire qu’il désire tant. De la même manière, on ressent le désir d’Achille d’être auréolé de gloire, sa peur de perdre Patrocle, sa douleur à chaque séparation avec lui, sa transformation d’enfant candide à homme prompt à se mettre en colère, dévoré par l’hubris.

Mon pouls bondit sans que je puisse en donner la raison. Il m’a regardé des milliers et des milliers de fois, et pourtant, il y a quelque chose de différent dans ce regard-là, une intensité inconnue. 

Ce qui m’a véritablement bouleversée dans ce roman, c’est que nous accumulons les souvenirs, et ressentons les transformations de la relation d’Achille et de Patrocle en même temps qu’eux. L’amour entre les deux princes est légendaire, à juste titre ; j’ai du mal à imaginer un amour plus vrai et plus pur que celui qui brave la guerre, les désaccords, les différences, les tentatives de séparations, la haine, et même la mort. J’ai pleuré, pleuré sans fin en refermant le livre, et j’ai été incapable de penser à autre chose à mes émotions pendant la lecture durant tout le week-end. Je n’avais même pas envie d’ouvrir un livre tant je me suis sentie à la fois brisée et apaisée par cette lecture.

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Je reconnais son expression butée, la témérité sombre qui durcit son regard. Il ne cèdera pas. Il ne sait pas céder. Moi qui ai vécu dix-huit ans avec lui, je ne l’ai jamais vu reculer, jamais vu perdre. Que va-t-il se passer s’il y est forcé ? J’ai peur pour lui, pour moi, pour nous tous.

Le Chant d’Achille s’adresse à tous types de lecteurs : amateurs de mythologie ou non, fan de romance fantastique ou historique, amoureux de littérature contemporaine. Les connaisseurs découvriront une toute nouvelle histoire, et bien que connaissant l’inévitable fin, se surprendront à rêver d’une autre, à être submergé par la puissance romanesque du livre. Les néophytes de la mythologie grecque, eux, découvriront un mythe magique, bouleversant. 

J’ai été incapable de le lâcher ; j’ai pleuré en découvrant la fin alors que je la connaissais déjà. Madeline Miller a réussi l’exploit de me faire espérer malgré tout à une fin différente de celle du mythe, pour mieux me briser le cœur. Le plus grand succès de Madeline Miller, c’est bien celui-ci : se réapproprier complètement l’histoire d’Achille et Patrocle, pour notre plus grand plaisir, et nous bouleverser d’émotions.

– Est-ce que tu viendras avec moi ?
Ah, l’éternelle souffrance de l’amour et du chagrin ! Dans une autre vie, j’aurais peut-être pu refuser, m’arracher les cheveux, hurler, et l’envoyer affronter son choix seul. Pas dans celle-ci. Il prendrait la mer et je le suivrais, même dans la mort. Oui, murmurai-je. Oui.

Pour ma part, le Chant d’Achille m’a donné envie de dévorer l’Iliade, et m’a fait une forte impression, à tel point que j’ai eu du mal à décrocher après ma lecture, je me suis retrouvée désœuvrée pendant plusieurs jours.

C’est un roman qui m’a considérablement marquée, un des rares à me faire un effet aussi puissant. Je sais d’avance que je vais le relire un jour, et que je serais tout autant remuée. J’ai déjà le regret de connaître le roman, je voudrais le redécouvrir pour la première fois. J’ai adoré, adoré, adoré, et vous le recommande un millier de milliards de fois ! 

J’espère que ce retour de lecture vous aura donné envie de craquer pour ce roman magique !

2 réponses à « Le Chant d’Achille, Madeline Miller »

  1. Avatar de L’Île Aux Arbres Disparus, Elif Shafak – Dérive de Livres

    […] de cœur. Est-ce parce que je ne suis toujours pas remise du torrent d’émotions suscité par le Chant d’Achille, ou tout simplement parce que j’en attendais trop ? Si ce n’est pas ma pire lecture de 2022, ce […]

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