
Dans le cadre d’un masse critique en partenariat avec Babelio, je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de Ça va, un petit livre d’une centaine pages d’Arthur Bernard, publié aux Editions Champ Vallon !
Un court témoignage qui se veut poétique, une tranche de vie aux accents un peu lyrique : ce n’est habituellement pas le genre de lecture dans lesquelles je me lance, mais le résumé me tentait. Ça va : une toute petite phrase, utilisée tous les jours, qui dit tout et pourtant ne dit rien. Arthur Bernard voulait écrire, comme Flaubert, un livre sur rien, il a donc écrit un livre du ça va.

Comme clé, fin est un mot de trois lettres, utile par sa brièveté, sa concision, son résumé de tout, les ruptures, les terminus, les termini ? , les échéances, les déchéances, passions brutalement interrompues.

TITRE : Ça va
AUTEUR : Arthur Bernard
EDITE PAR : Champ Vallon
NOMBRE DE PAGES : 112 pages
DATE DE PARUTION : 3 Mars 2022
GENRE : Témoignage, Autobiographie
PRIX : 13€ (broché) / 10,99€ (numérique)
RESUME : Ça va. On pourrait s’arrêter là. Tout y est. Ou bien continuer. Jusqu’à la fin. C’est quoi la fin? Ça ne nous regarde pas, au fond. Ça nous échappe. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai continué. Ça ne veut pas dire que j’ai fini. Que je suis fini. On verra bien. On ne verra rien. Je ne verrai rien. Ça va. Qu’est-ce que ça cache ? Ce mensonge, rituel de silence sous le bavardage. Ça va !, qui est le titre d’un beau poème de Vladimir Maïakovski, exaltation de l’avenir, de la révolution. Loin de la politesse convenue dans l’expression, camouflant l’indifférence à autrui sous un rituel creux. Qu’est-ce qui m’a pris de faire ce livre ? Pensé à Flaubert, auquel je voue une admiration principale, dont pour une ligne «écrire un livre sur rien…» Moi, c’est un livre du ça va, qui est une forme de rien.

Autant vous le dire tout de suite ; le livre aurait pu me plaire plus que cela. Je trouvais le sujet intéressant. Dans Ça va, Arthur Bernard aborde des thèmes universels : la maladie, la solitude, le passé et donc l’avenir, la vie et donc la mort.
Récit autobiographique au rythme qui se veut poétique et entraînant, ce témoignage a cependant été plus difficile à lire que je ne m’y attendais. Si effectivement l’écriture est saccadée, répétitive pour mieux faire retentir la poésie de l’écrivain, ce dernier se perd en circonvolutions littéraires. Beaucoup de références ; trop, qu’on ne connaît bien souvent pas. Le style progresse et devient verbeux, dur à lire, le lecteur se perd facilement. Arthur Bernard nous parle de lui, de sa vie, de Parkinson, mais tout reste ténu, vague : tout se mélange. L’écriture semble aller où elle veut sans réelle structure. Les idées, pourtant essentielles, se noient sous des couches d’inutile, ou de pas assez dit.
Pendant cette lecture, j’ai dû faire des pauses à de nombreuses reprises, tant il m’était difficile de suivre Arthur Bernard dans ses idées. Les phrases sont à rallonge, parfois elles ne semblent pas complètes. Les idées s’enchaînent, trop vite. Arthur Bernard nomme les choses, sans vraiment les nommer, leur invente des noms, des surnoms. Si cela possède son charme au début, cet amas de surnoms finit par devenir confusant.
J’ai aimé l’idée du ça va comme d’un rien. Parce que dire ça va, demander si ça va, cela ne veut rien dire. Qui s’en soucie vraiment, de comment vous vous portez ? Qui cela intéresse-t-il ? Derrière le ça va, il y a une vie ; des désillusions, des cicatrices, un passé, même un avenir. Pour savoir si ça va, Arthur Bernard considère l’ensemble de sa vie, ce qu’il en gagne, ce qu’il en perd. En ce sens, j’ai trouvé de l’authenticité et de l’humanité dans ce sujet, un peu de philosophie même. C’est quelque chose que j’ai apprécié.
Je ne me suis pas ennuyée tout le temps, non : je n’ai pas non plus détesté cette lecture. Mais le style bernardien, vraiment, je ne suis pas une grande fan. Arthur Bernard en dit trop et en même temps pas assez, c’est un flux continu mais sans réel contenu et c’est dommage.

Ce petit récit nous en apprend quelque peu sur l’auteur, et sur sa vie. Si son écriture possède un certain sens rythmique, elle devient vite verbeuse et logorrhéique.
C’est dommage, parce que le sujet abordé est universel, nous y sommes tous confrontés un jour ; l’avenir et la maladie. Le “ça va” est un rien, parce qu’il n’exprime rien d’autre que ces mots. Demande-t-on vraiment si ça va ? Dit-on la vérité quand cela ne va pas ? Personne ne s’en soucie vraiment : c’est le propos d’Arthur Bernard, une forme de rien. J’aurais sans douté pu apprécié ces réflexions philosophico-autobiographiques, si le style était moins complexe, avec moins de méandres, plus facile à suivre.
Dommage !
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